A l’heure où certaines volontés de repli identitaire au niveau européen se font de plus en plus entendre, où certains responsables politiques, surfant sur les vagues de peurs engendrées par une soi-disant crise de l’immigration sur le sol européen, ont de plus en plus voix au chapitre, à l’heure où l’Union européenne connaît sa première crise identitaire, incarnée par le tout récent Brexit, l’eMAG a choisi de prendre le contre-pied en s’ouvrant aux autres langues. Tout un symbole : un geste d’ouverture, de partage, d’unité dans la diversité des langues du Sprachenzentrum.
Unis (pas uniformisés !) dans la diversité, c’est bien là le plus grand défi de l’Union européenne. Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, la construction d’une union des États européens est apparue comme étant LA solution afin d’assurer la paix, la croissance économique, la promotion des libertés, et ce de manière durable. Mais l’union européenne devait se faire rapidement, et c’est la voie économico-politique qui a été préférée : la possibilité d’une union d’abord humaine, sociale et culturelle aurait demandé beaucoup trop de temps. Or, c’est de cette dernière dont, à mon avis, le manque se fait le plus sentir et dont l’UE a le plus besoin actuellement.
A eux seuls, les rapprochements économiques et politiques ne peuvent pas construire une identité européenne, même s’ils peuvent apporter un élan aux volontés de complémentarité et d’ententes. A mon sens, la construction d’une identité européenne a besoin de « temps long » couplé à des actions quotidiennes venant des citoyens européens eux-mêmes. L’identité européenne doit venir « du bas », de ses fondations : ainsi, les manifestations Pulse of Europe, par exemple, se multiplient.
Mouvement européen citoyen, au-dessus des partis, les manifestations Pulse of Europe, dont le but est de défendre les valeurs démocratiques et de promouvoir le projet d’une UE forte, ont lieu chaque dimanche dans de nombreuses villes européennes. Augsbourg a d’ailleurs accueilli Pulse of Europe le 2 avril, pour la première fois, et continuera à être le témoin de ces rassemblements tous les dimanches sur la place de l’Hôtel de ville. C’est, pour vous, Européens convaincus, l’occasion d’aller échanger et proposer vos solutions en prenant la parole publiquement : donner de la voix et manifester son attachement à l’UE, comme il est écrit sur le site pulseofeurope.eu.
Ouvrir l’eMAG aux autres langues et cultures du Sprachenzentrum contribue d’une certaine manière à construire l’Europe. Et si, à l’image du geste de l’eMAG, l’université devenait finalement le lieu privilégié de l’intégration et de la construction européenne ? Et si les 20 millions d’étudiants environ, actuellement sur les bancs des universités européennes, devenaient finalement 20 millions d’ambassadeurs potentiels des valeurs européennes à travers l’Espace européen de l’enseignement supérieur ?
Author: Christophe Lips